Tir longue distance (TLD) à la 22 LR

La 22 Long Rifle est de loin la munition la plus tirée en France et dans le monde, les statistiques indiques une consommation Française autour des 10 millions mais malgré cette énorme consommation cette munition reste controversée. Qui n’a jamais entendus une de ces deux phrases ? « Une 22 LR c’est juste bon à 50m » ou encore « Une 22LR est encore dangereuse a 1500m » Deux phrases qui s’opposent mais que tout tireur sportif a déjà entendus au moins une fois dans sa vie. Mais où se trouve la vérité ? Quelque part entre ces deux citations et nous allons vous le faire découvrir.

  1. La 22 LR une munition ultra populaire aux caractéristiques particulières

Cette munition aux dimensions ridiculement petites ne dépasse jamais 25,4mm de longueur (soit 1 pouce dans les unités impériales dont elle originaire). Cette munition utilise des pressions de départ extrêmement faible (la norme CIP plafonne les pressions à  1700 bars contre généralement 4000 pour les munitions modernes). Cette faible pression ne crée pas de miracle et les énergies conventionnelles pour une 22 LR tournent entre 130 et 280 Joules en fonction des chargements. Il existe une quantité incroyable de référence de munitions en 22LR allant des munitions subsoniques (masse de 40 ou 42 gr aux environ 315 m/s) aux munitions hautes vitesses (masse de 32 grains aux environs de 500 m/s).  Toute ont malgré tout en commun leur relativement faible coût, faible recul et faible niveau sonore comparé aux munitions plus poussives et ce sont ces particularité qui font de la 22LR le calibre le plus populaire au monde !

  1. Faire du TLD à la 22 Long Rifle mais pourquoi pas ?

Cible réalisée a 450 mètres 

Le tir longue distance attire de plus en plus dans l’hexagone, malgré tout l’engouement est souvent freiné par le coût d’une carabine gros calibre dédiée à cela, au coût des munitions qui devient rapidement un gros budget, aux nuisances sonores et à la faible disponibilité de pas de tir permettant d’exploiter ces gros calibres (800m & plus) et si la 22 LR été la solution à tous ces problèmes ?

Prenons l’exemple d’une 308 Win zéroté à 100m il faut en général compter 12 mil d’élévation pour toucher à 1000m. Si nous prenons maintenant une 22LR tout ce qu’il y a de plus normale zéroté elle aussi à 100m il vous faudra environ 12 mil d’élévation pour toucher à 300m. A peu de chose à dire tirer de la 22LR s’est s’opposer aux mêmes difficultés que de tirer de la 308 WIN à des distances divisées par 3 ! Forcement ces distances plus courtes permettent une accessibilité aux pas de tir bien plus importante, du matériel bien moins couteux et un entrainement a un prix modique, en effet 50 balles de 22LR coutent en générale 6€ quand 20 balles de 308 coutent en général 30€… le calcul est vite fait. On est capable de tirer 10 fois plus pour le même prix à la 22LR.

Mais pourquoi cette pratique du TLD à la 22LR n’est-il donc pas plus démocratisé ? Ne serait-ce pas simplement un manque d’information et la sous-estimation de la 22LR qui serait la cause première de tout ça ?

Nous pensons qu’il convient parfaitement de débuter le tir longue distance avec une simple 22LR afin de gagner en expérience, de pratiquer plus facilement et le tout sans casser la tirelire ! La preuve ? Cette discipline existe outre Atlantique depuis plus de 10 ans et arrive seulement maintenant en France !

  1. La théorie de la préparation au TLD à la 22LR 

Avant de commencer à tirer à des distances importantes il y a un gros travail de préparation que nous allons aborder ici. Pas besoin d’une carabine aux sommes exorbitante n’importe quelle 22LR de qualité fera l’affaire ! 

Concernant la lunette & le montage :

La lunette devra si possible posséder une plage d’élévation assez importante 

  • Objectif 200m : N’importe quelle optique ayant au minimum 15 mil d’élévation (environ 50 MOA) pas d’obligation de rail penté. (chute du projectile à 200m avec un zero à 100m : environ 5 mil)
  • Objectif 300m : Soit un optique avec au minimum 24 mil d’élévation montée sur un  rail 0 MOA ou alors une optique avec au moins 18 mil d’élévation et un rail penté 20 MOA
  • Objectif 400m : Un optique avec au minimum 26 mil d’élévation et un montage 20 voire 30 MOA
  • Objectif 500m : Un optique avec au minimum 26 mil d’élévation et un montage inclinable jusqu’à 50 MOA.
  • Au-delà : on arrive sur les limites d’élévation des systèmes conventionnels il existe des parades pour avoir plus d’élévation avec des systèmes permettant d’angler la lunette de manière plus importante ou encore un prisme à monter sur l’objectif pour gagner en élévation mais on arrive ici dans un monde de spécialistes et d’élitistes et cela n’est pas l’objet de cet article.

Quelle munition tirer ? Il n’y a pas de solution miracle, chaque carabine 22 LR a ses préférences et il vous faudra tester un certain nombre de munition afin de trouver quel est son mets préféré. Attention la vitesse sans régularité n’est rien, s’orienter vers des munitions hautes vitesses pour du TLD n’est pas forcement la bonne solution si ces dernières ne groupent déjà pas à 50 où 100m cela n’ira pas en s’arrangeant ! Deux critères sur lesquels vous baser : Taille du groupement et régularités des vitesses de sorties ! L’un ne va pas sans l’autre pour espérer être performant à longue distance !

Une fois la munition sélectionnée il vous faudra maintenant zéroter votre lunette à une distance connue (50 ou 100m généralement) avec ces munitions et vous êtes maintenant prêt pour attaquer les distances plus importantes équipé d’un bon calculateur balistique et surtout armé de patience et de minutie !

Et si nous quittions la théorie pour un peu pratique ? Nous allons suivre étape par étape la théorie décrite précédemment dans une application concrète !

  1. Mon aventure 22 LR à longue distance de A à Z

Le matériel utilisé pour la suite de notre article :

L’arme : Une anschutz Match 64, carabine de match plutôt orienté discipline FFTIR 50m mais qui a toutes les caractéristiques que nous recherchons pour de la longue distance : Un busc réglable pour être à l’aise des heures durant derrière la carabine. Un canon lourd qualité match pour une meilleure constance en cible, seul défaut notable l’absence de chargeur qui empêche les «tirer- contreviser-tirer rapide ».  

Le rail : Cette carabine est équipée d’un système de rail inclinable permettant de régler l’angle de la lunette par une simple vis. Cette vis pression fait pivoter le montage. Pas de valeurs angulaires connues il faut faire tous les réglages « à tâtons »

La lunette : Une ATHLON ETR 4,5-30X56 disposant de 32 mil d’élévation impressionnant pour lunette à ce tarif, cette lunette dispose aussi d’un réticule très complet permettant une contre visée rapide et précise.

 

 

Le bipied : Un bipied Tier One carbone, simple préférence de l’auteur habitué à ce genre de bipied, il s’agit plus d’un luxe et d’un plaisir d’utilisation que d’une réelle nécessité dans les faits.

Passons maintenant à la première étape trouver une munition pour cette carabine anschutz !

Etape 1 : le choix de la munition

Nous avons décidé dans un premier temps de tester ce que nous avons dans les placards avant de dépenser de l’argent inutilement. Par conséquent nous avons testé les munitions suivantes : SOLOGNAC (prototypes), ELEY CLUB, ELEY FORCE, ELEY ACTION, RWS MATCH S, RWS CLUB.

Le protocole est très simplement décomposé en 6 étapes : 

1ere étape : se régler a 100m sur une cible annexe.

2eme étape : Nettoyage du canon et installation de la ciblette de test à 100m

3eme étape : 10 coups de flambage sur une cible annexe

4eme étape : Tirer 50 coups à 100m avec un radar pour mesurer la vitesse de chacun des projectiles (un simple chronographe optique fait très bien l’affaire également, un Labradar est un luxe). 

5eme étape : refaire les étapes 2, 3 & 4 autant de fois que de munitions à tester.

6eme étape : Analyser vos résultats et synthétiser ces derniers sous forme de tableau.

Concernant nos résultats : 

Voici la cible ayant servi de test pour notre expérience. On notera une variation de la hauteur des groupes qui est directement corrélable avec les variations de vitesses initiales : Les munitions hautes vitesses sont toujours plus haut en cible que les munitions standards.


Une fois les données analysées voici le tableau de synthèse de nos résultats.

Pour rappel nous cherchons une munition qui donne dans notre arme de bons groupements et de bon écart types de vitesse. Dans notre cas la munition ELEY ACTION PLUS semble être la plus pertinente. Cette dernière sera donc la munition que nous utiliserons pour le reste de nos essais et de tir TLD

Une fois notre munition sélectionnée et un petit stock de munitions sécurisé pour ne pas tomber à sec nous pouvons maintenant zéroter notre lunette à 100m. Notre objectif étant de toucher à 500m l’opération de zérotage est un peu plus complexe que d’ordinaire car nous utilisons un rail pentable. 

L’objectif du réglage de l’inclinaison du rail penté est très simple : Obtenir le plus d’élévation possible pour tirer le plus loin possible. Pour corriger nos tirs nous pouvons soit cliquer soit contre viser en se servant du réticule gradué. Partant de ce fait nous avons décidé de zéroter notre lunette d’une façon assez extrême.

En effet nous voudrions disposer de l’intégralité de la plage d’élévation de la lunette mais également de l’intégralité de la plage de contreviser ! De ce fait nous ne nous servons pas du centre du réticule pour viser notre cible à 100m mais de la 8e graduation du haut du réticule (Le fait de zéroter de la sorte nous permet de gagner 8 mil d’élévation.

Prenons un exemple : Pour tirer à une distance X j’ai besoin de 13 mil d’élévation en partant d’un zero à 100m, je me sers pour viser du centre de mon réticule qui est 8 mil plus bas que mon zerotage à 100m et j’ajoute 5 mil en cliquant sur ma tourelle de hausse. J’obtiens donc 8 + 5 mil = 13 mil d’élévation. Il faudra pour chaque distance simplement se rappeler qu’il faudra soustraire 8 mils à la correction donnée par le calculateur balistique.

Passons maintenant aux manipulations :

1ere étape : Mettre la tourelle de hausse au minimum, se garder quand même 5 clicks de réserve.

2e étape : Angler la lunette en utilisant la vis pression présent sur le rail, pour gagner du temps nous vous conseillons de caler votre arme avec l’axe du canon visant le centre de votre cible. Anglez votre lunette jusqu’à ce que la graduation la plus haute de votre réticule arrive sur le centre de votre cible.

3e étape : Tirer une balle à 100m en se servant de la graduation la plus haute de votre réticule comme point de visé (pour nous 8 mil) et observer le point d’impact.

4e étape : Visser ou dévisser la vis pression pour amener le point d’impact sur la graduation la plus haute de votre réticule

5e étape : Refaire l’étape 3 & 4 jusqu’à obtenir un point visé point touché à 100m (le fait d’avoir gardé 5 clicks de réserve à l’étape 1 peu vous permettre de finir en cliquant)

6e étape : Démontez vos tourelles de hausse et de dérive pour replacer les graduations 0 en face de votre origine.


Ayant zéroté de la sorte à 100m nous avons en élévation disponible : 31,5 mil par les clicks utilisable dans la tourelle de hausse et à cela s’ajoute 20 mils de contre visé par le réticule.

Soit un total de 51,5 mil, cette élévation pourrait théoriquement être suffisant pour toucher jusqu’à plus de 600 mètres !

 

Place maintenant aux premiers essais à longue distance !

Dans un premier temps il est important de bien paramétrer son calculateur balistique.

Pour ce qui est des vitesses utilisez les vitesses mesurées lors de vos essais de munitions et non pas les données fabricants.

Comme le TLD au gros calibre vous aurez besoin de mesurer parfaitement les conditions météorologique pour cela l’utilisation d’un kestrel est un réel avantage. 

Vous avez besoin de mesurer en priorité : 

  • Pression atmosphérique
  • Température
  • Vitesse du vent (il existe de meilleures manières mais pour débuter c’est un bon début)
  • Humidité (faible influence)

Toutes ces valeurs sont connues avec précision et la seule inconnue de notre simulation balistique est le coefficient balistique. Rare sont les fabricants qui communiquent cette valeur. La première approche est de partir d’une valeur générique qui est un bon compromis car il faut avouer qu’un projectile de 40 gr en plomb ne peut pas varier drastiquement de profil sur une 22 LR… Pour cela utilisez un coefficient balistique G1 de 0,150 pour les projectiles de type Rond nose ou 0,120 pour les projectiles Hollow point. Nous affinerons cette valeur plus précisément dans la suite. 

Notre objectif maintenant est d’affiner avec précision la valeur du coefficient balistique.

Etape 1 : Mesurez très précisément les conditions météo avant vos tirs (Pression Température humidité)

Etape 2 : Mesurez avec précision la distance de votre cible carton (il est préférable de commencer à 250 ou 300m. (Un télémètre de bonne facture est préférable)

Etape 3 : Vérifiez votre Zéro à 100m (le corriger s’il n’est pas parfait).

Etape 4 : Compléter votre calculateur et utiliser l’élévation proposée par ce dernier.

Etape 5 : Effectuer un groupement d’une vingtaine de munitions sur votre cible lointaine, mesurez les vitesses des balles de cette série.

Etape 6 : Mesurez la différence de hauteur entre le point visé et le centre de votre groupe.


Maintenant nous avons tout ce qu’il faut pour valider notre coefficient balistique réel.

La différence de hauteur entre le point visé et le centre du groupement caractérise la différence de coefficient balistique ou/et une différence de vitesse initiale. Si votre groupement est sous le point visé vous avez un coefficient balistique réel plus petit que ce que vous aviez rentré dans  votre calculateur, et inversement si votre groupe est situé au-dessus du point visé.

Convertir le distance séparant le centre du groupement du point visé en MOA ou mil en fonction de l’unité de utilisé sur votre lunette.  

Exemple : pour un écart de 13 cm à 250m : 1 mil = 25 cm donc 13 cm correspond à 13 / 25 = 0,52 mil

Il faudra ajouter ou soustraire cette valeur a la correction utilisée pour les tirs. Si par exemple vous êtes en dessous de 13 cm à 250m et avait utilisé une correction de 12,2 mil alors vous auriez dû utiliser une correction de 12,2 + 0, 52 = 12,7 mil pour impacter plein centre. 

Maintenant que vous connaissait la correction réelle il s’agit de modifier le calculateur pour que ce dernier vous donne cette correction réelle.

Cas 1 : Votre vitesse moyenne mesurée pendant la série est la même que celle utilisée dans le calculateur alors vous n’avez qu’a modifier le coefficient balistique jusqu’à ce que le calculateur vous donne une correction égale à la correction réelle mesurée.

Cas 2 : Votre vitesse moyenne mesurée pendant la série est différente de la vitesse utilisée dans le calculateur alors commencez par changer la valeur de la vitesse de la munition. Vérifiez la nouvelle correction donnée par le calculateur. Si cette correction est identique à la réalité alors l’écart de vitesse est responsable de vos écarts en cible. Si en revanche vous avez toujours un écart alors il vous faudra également modifier la valeur de votre coefficient balistique.

Retour au blog

1 commentaire

Bonjour,

Votre site est super j’apprends beaucoup, je voulais une infos pour le tir à 300 en 22 quelle est la grosseur de la cible?

Je vais bientôt passer commande j’ai enfin trouvé ce que je voulais. ;)

Merci à toute l’équipe

Olivier M. COMTE

Laisser un commentaire